LA ЁКІТЁ 2007044349
SUE LA TRAGEDIE DEKATERINBOURG ! rot РОССИЙСКАЯ ГОСУДАРТІТВЕННАЯ БИБЛИОТЕКА Ш'Г LES FAITS Г
НИН' Orvze armees se sont ecoulees O.^uis la nuit historique du 16 au П juillet 1918, au cours de laquelle,—a Test de la Russie, a la frontiere qui, par I'Oural, separe TEurope de I'Asie, dans la ville peu сошше d'Bkaterinbourg, dans les caves de la maison « h destination speciale », qui appartenait h i'ingenieur Ipa^eff, — fut aneantie la famille entiere de Tempereur Nicolas II, avec tous les serviteurs qui avaient jusqu'k Theure supreme partage avec lui son sort cruel. <...> A une autre epoque, dans d'autres conditions d'existence des peuples, le monde entiev aurait su les details les plus insienifiants de ce drame. <...> Tout biomme civilise saurait exactement comment Us'est produit, qui en est materiellement et morale.ment responsable, et pourquoi la tempete revolutionnaire russe Га rendu inevitable. <...> On sait, d'une maniere generale, que Vempereur de Russie Nicolas Alexandrovitch qui, un an auparavant, avait ete- force d'abdiquer, sous la poussee de la revolution et pour epargner & sa patrie les horreurs de la guerre civile, fut assas-
LA VERITE SXJR LA TBAGEDIE D ' E K A T E R I N B O U R G .
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sine en т е т temps que I'lmperatrice, le Grand-Due heritier et toutes ses filles. <...> Ni les details du crime, ni i'analyse objec
tive des facleurs qui en ont prepare Fexecution, n'ont encore ete Tobjet d'une etude serieuse. <...> Des episodes sans <...>
La_verite_sur_la_tragedie_d'Ekaterinbourg__W._N._Kokovtzoff_Les_faits._1.pdf
2007044349
LA ЁКІТЁ
SUE LA
TRAGEDIE DEKATERINBOURG
РОССИЙСКАЯ
ГОСУДАРТІТВЕННАЯ
БИБЛИОТЕКА
! rot
Ш'Г
LES FAITS
Г
НИН'
Orvze armees se sont ecoulees O.^uis la nuit historique du 16
au П juillet 1918, au cours de laquelle,—a Test de la Russie,
a la frontiere qui, par I'Oural, separe TEurope de I'Asie, dans
la ville peu сошше d'Bkaterinbourg, dans les caves de la
maison « h destination speciale », qui appartenait h i'ingenieur
Ipa^eff, — fut aneantie la famille entiere de Tempereur
Nicolas II, avec tous les serviteurs qui avaient jusqu'k Theure
supreme partage avec lui son sort cruel.
A une autre epoque, dans d'autres conditions d'existence
des peuples, le monde entiev aurait su les details les plus insienifiants
de ce drame. Tout biomme civilise saurait exactement
comment Us'est produit, qui en est materiellement et morale.ment
responsable, et pourquoi la tempete revolutionnaire
russe Га rendu inevitable.
La realite est tout autre. La tragediedMSkaterinbourg est
mal connue. On sait, d'une maniere generale, que Vempereur
de Russie Nicolas Alexandrovitch qui, un an auparavant, avait
ete- force d'abdiquer, sous la poussee de la revolution et pour
epargner & sa patrie les horreurs de la guerre civile, fut assas
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LA VERITE SXJR LA TBAGEDIE D'EKATERINBOURG.
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sine en те т temps que I'lmperatrice, le Grand-Due heritier
et toutes ses filles. Ni les details du crime, ni i'analyse objective
des facleurs qui en ont prepare Fexecution, n'ont encore
ete Tobjet d'une etude serieuse. Des episodes sans suite, des
on-dit, des informations de rencontre, dont Tinvraisemblance
sauterait aux yeux si Ton connaissait, fut-ce de la maniere la
plus superficielle, les circonstances essentielles du drame,
— e'est a peu pres tout ce qu'on trouve dans la presse sur le
martyre de la famille impe'riale russe.
Est-ce qu'on manque des elements necessaires pour le
reconstituer a Taide de donnees certaines? Tout au contraire,
nous sommes en possession de documents dont on ne saurait
suspecter Tauthenticite, la certitude et la bonne foi. И n'y a
pi'a les etudier impartialement et к tirer les conclusions qui
s'imposent. Alors la verite eclatera, la tragedie apparaitra dans
sa realite atroee; on connattra, sans erreur possible, les causes
et les responsabilites.
C'est pour essayer d'accomplir, cette tache que j'ai ecrit la
presente etude.
Pour reconstituer la tragedie d'Ekaterinbourg, je me servirai
presqueexclusivementd'informationsrecueilliesen dehors
de moi, et je n'y ajouterai que tres rarement mes renseignements
particuliers : ainsi on ne pourra m'accuser de travestir
les faits ou de les presenter sous un jour tendancieux.
Toutefois, je crois devoir rappeler au prealable certaines
circonstances qui me sont personnelles.
40—Dan s
lanuit du 30juin au l e r
juiilet 1918, je fus arrete
et transporte dans la rue Gorohovaya, h I'ancienne Prefecture
de Petrograd, ou se trouvait к cette epoque la fameuse « Commission
extraordinaire d'enquete pour la lutte ayeo la w/ntrerevolution
et la speculation », connue sous le nom abreg4 di&
« Tcheka ».
f
La cellule oil je fus conduit etait la cellule commune ne
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ou se trouvaient deja reunies soixanle personnes, — melange
extraordinaire des categories les plus heteroclites : soldats de
Гагтё rouge arrMes pour crimes varies, matelots suspectes
de pillages effectues sans ordres emanant de leurs chefs,
paysans detenus pour vente illicite de prpduits alimentaires,
ouvriers denonce's par leurs camarades communistes, anciens
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REVUE DES DEUX MONDES.
grands dignitaires d'Etat, officiers superieurs, etc. Le soir seuJement,
je pus trouver asile dans unedes deux petites cellules
de moindres dimensions, assignees aux detenus « politiques », —
ou le general Verkhovsky, le dernier ministre de la Guerre
du Gouvernement provisoire et actuellement une des aulorites
militaires sovietiques, transporte de Gorohovaya a la prison
de Kresty, me ceda son grabat.
Pendant toule une semaine, je n'ai vu aucun representant
des autorit&s en dehors de Tadjoi nt du com mandant de la Tcheka,
Kousmine, qui nous rendait souvent visite vers le soir et nous
communiquait differentes nouvelles du jour. II etait le plus
souvent entre deux vins, mais n'etait pas grossier avec nous
et ne s'appliquait pas a rendre plus duresencore les conditions
humiliantes oil nous etions reduits.
dent meme de la Tcheka, Ourilzky. Kousmine ne m'en felicita
pas et me prevint que je ne devais esperer rien de bon de cet
interrogatoire. Le meme Kousmine me dit qu'Ouritzky etait
parti le 2 juillet pour Moscou afin d'assister au « Congres des
Presidents des Tcheka » et qu'il ne devait pas rentrer avant
samedi ou mfeme dimanche.
La semaine se passa dans I'enervement de Tattente. Nous
avions pour seule distraction les recits que Kousmine nous
faisait, parfois jusqu'k une heure avancee de la nuit, sur les
incidents de la vie de la prison et meme sur quelques-uns des
evenements du dehors, — que nous connaissionsd'ailleurspar les
journaux qu'k cette epoque il nous etait encore permis de nous
procurer par Tintermediaire de la chancellerie de la Tcheka.
Le samedi soir, 6 juillet, nous apprimes que le batimerit
du Corps des pages, qui abritait une parlie de la garnison de
Petrograd non ralliee encore а Гагтёе rouge, avait ete pris
d'assaut et, tard dans la nuit, courut le bruit de Tassassinat к
Moscou de Tambassadeur d'Allemagne, le comte de Mirbach..
En nous communiquant ce bruit, Kousmine ajouta qu'on
attendait pour le lendemain matin Tentree a Pdtrograd des
troupes allemandes cantonnees h Pskoff, qu'alors'la garde de
la prison abandonnerait ses postes et se retirerait. И nous
conseillait de suivre son exemple et de nous cacher en ville,
sans attendre que la foule fit irruption dans nos cellules pour
nous massacrer.
• •*
J'appris par Kousmine que je serais interroge par le presi
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