TABLES DES MATIÈRES
TABLES DES MATIÈRES.........................................1
AVANT-PROPOS ......................................................1
“ŒDIPE ROI” ET LA TRAGÉDIE DE SOPHOCLE 2
I ............................................................................. 5
II.......................................................................... 14
III......................................................................... 22
IV ........................................................................ 28
V.......................................................................... 33
LA COMÉDIE EN FRANCE AU MOYEN AGE......45
I ........................................................................... 47
II.......................................................................... 56
III......................................................................... 62
IV ........................................................................ 67
V.......................................................................... 74
DE MOLIÈRE A MARIVAUX.................................80
Mesdames, Messieurs, .......................................... 80
I ........................................................................... 80
II.......................................................................... 85
III......................................................................... 92
SHAKESPEARE ET LE THÉATRE FRANÇAIS....100
Mesdames, Messieurs, .........................................100
I ..........................................................................101
II.........................................................................106
III........................................................................114
IV .......................................................................120
BEAUMARCHAIS ................................................124
L'HOMME ET L'ŒUVRE....................................124
I ..........................................................................126
II.........................................................................135
III........................................................................139
IV .......................................................................145
V.........................................................................149
VI .......................................................................155
VII ......................................................................160
1
Стр.1
Études d’histoire et de critique
dramatiques
Tables des matiéres
LE THÉÂTRE ET LA MORALE ...........................164
I ..........................................................................165
II.........................................................................172
III........................................................................178
IV .......................................................................185
V.........................................................................190
LES COMÉDIENS ET LES MŒURS.....................194
I ..........................................................................195
II.........................................................................200
III........................................................................205
IV .......................................................................210
V.........................................................................215
VI .......................................................................218
VII ......................................................................224
VIII .....................................................................227
IX .......................................................................233
X.........................................................................236
XI .......................................................................239
LES THÉÂTRES DE PARIS..................................242
TROUPES ET GENRES ......................................242
I ..........................................................................243
II.........................................................................247
III........................................................................253
IV .......................................................................260
2
Стр.2
AVANT-PROPOS
Le présent volume se compose d'une série d'articles
publiés, de 1887 а 1891, dans la Revue des Deux Mondes et
la Revue politique et littéraire (Revue bleue). Quelques-uns
se
rattachent
au
cours de
professais, de 1884 а 1888, а la Faculté des lettres de Paris;
deux sont des conférences faites au théâtre de l'Odéon; trois
autres ont été écrits dans les rares loisirs que me laissaient
des
remplir un devoir en m'occupant de littérature dramatique.
Malgré
différence d'objets, qui risque
littérature française que je
fonction? administratives où je ne cessais pas de
cette
d'accuser encore celle des matières, j'espère que le lecteur
trouvera dans ces études les mêmes idées et la même
méthode. Sur quelques points, j'étais tent que les morceaux
auxquels elles se
explicatives. Il m'a paru, en effet, que, si le temps et les
circonstances
avaient pu modifier certaines
rapportent, et а quelques notes
de mes
opinions, mieux valait réserver pour plus tard ce que
j'aurais encore а dire, si j'ai l'occasion de reprendre les
mêmes sujets а un autre point de vue.
G. L.
Décembre 1891.
1
Стр.3
“ŒDIPE ROI” ET LA TRAGÉDIE DE
SOPHOCLE
En présentant au lecteur sa
tragédie d'ŒDIPE,
Corneille rappelait “les suffrages de tous les savants” qui
avaient regardé l’Œdipe roi de Sophocle ”comme le
chefd'œuvre de l'antiquité”; mais il déclarait qu'en étudiant
de près la pièce grecque, il avait reconnu “que ce qui avait
passé pour miraculeux dans ces siècles éloignés pourrait
sembler horrible au nôtre; que cette éloquente et curieuse
description de la manière dont un malheureux prince se
crève les yeux ferait soulever la délicatesse de nos dames
qui composent la plus belle partie de notre auditoire et dont
le
dégoût attire aisément celui de ceux qui les
accompagnent; que, l'amour n'ayant point de part dans ce
sujet, ni les femmes d'emploi, il était dénué des principaux
ornements qui gagnent d'ordinaire la voix publique”. Il
avait donc essayé de. ”remédier а ce désordre, en épargnant
d'un côté а ses auditeurs ce dangereux spectacle et en y
ajoutant l'heureux épisode des amours deThésée et de
Dircé”; pour le reste,
il y avait apporté de si nombreux
changements que la pièce française ne retenait guère que le
titre de son modèle grec. “J'ai eu le bonheur, concluait-il,
de faire avouer а la plupart de nos auditeurs que je n'ai fait
aucune pièce de théâtre où il se trouve autant d'art que dans
celle-ci.” La postérité, malheureusement, ne pense pas
comme Corneille: entre les mauvaises pièces du grand
poète, elle regarde Œdipe comme une des moins bonnes.
Cet “heureux épisode” de Thésée et de Dircé, devenu le
véritable sujet de la tragédie française, n'est qu'une bizarre
et froide intrigue d'amour; il n'y a guère, au total, d'oeuvre
plus languissante et plus déclamatoire dans la littérature
galante du XVIIe siècle. Fénelon constatait ces défauts, et il
en voyait bien, les causes. Il rappelait que Racine “avait
formé le plan d'une tragédie française l'ŒDIPE suivant le
goût de Sophocle, sans y mèler aucune intrigue postiche
d'amour, et suivant la belle simplicité grecque”. Il ajoutait:
2
Стр.4
Études d’histoire et
de critique dramatiques
“Œdipe roi” et la tragédie
de Sophocle
“Un tel spectacle pourrait être très curieux, très vif,
très intéressant; il ne serait point applaudi, mais il saisirait,
il ferait répandre des larmes, il ne laisserait pas respirer”.
J.-J. Rousseau disait de son côté: “Nul doute que la plus
belle tragédie de Sophocle, traduite fidèlement, ne tombât а
plat sur notre théâtre”. Malgré l'avis de Fénelon, Voltaire ne
craignit pas de reprendre le sujet d'ŒDIPE au même point
de vue que Corneille. Il pensait comme son devancier sur la
nécessité d'une intrigue amoureuse pour les comédiennes et
les spectatrices; il imaginait donc, а son tour, de déplacer
en partie l'intérêt et il combinait entre Jocaste et Philoctète
une intrigue aussi malheureuse que celle de Dircé et de
Thésée. Mais, а la différence de Corneille, il retenait les
plus belles scènes de Sophocle et il revêtait le tout de la
fausse élégance et de la brillante banalité propres а son
style tragique. Son Œdipe obtint un grand succès et le
conserva jusqu'au début de notre siècle; aujourd'hui, s'il
admet encore la lecture, il serait insupportable а la
représentation.
C'est que, contrairement aux idées de Corneille et
de Voltaire, nous n'éprouvons plus le besoin de parer d'une
intrigue amoureuse la légende d'Œdipe; nous pensons avec
Racine qu'elle répugne а un pareil mélange et nous voulons
la maintenir dans sa
terrible simplicité; nous sommes
complètement revenus а l'avis des savants que rappelait
Corneille, et la pièce grecque justifie encore pour nous cette
explication subtile et naïve du scoliaste, disant que le mot
de roi n'est pas un simple moyen pour la distinguer des
autres pièces consacrées au même personnage, mais la
marque voulue de son éclatante supériorité; nous
souscrivons au jugement d'Aristote, qui, dans sa Poétique,
la regardait comme un chef-d'œuvre de la tragédie grecque;
enfin, exactement traduite et représentée devant nous1, non
seulement elle n'est pas tombée а plat, selon la prédiction
1Napoléon Ier, grand amateur de tragédie, regrettait а SainteHélène
de n'avoir pu se donner le spectacle d'une représentation
d'Œdipe roi ainsi traduit (Mémorial, 8 novembre 1816). Le Mémorial
ajoute ce curieux renseignement que “Talma avait toujours combattu
cette idée”.
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Стр.5